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La Roche dans la Bataille des Ardennes
C’est dans la nuit du 18 au 19 décembre que l’on observe les premiers mouvements de troupes dans les environs de La Roche.
Le 19 décembre, les éléments de tête de la 116ème division blindée allemande évitent Houffalize qu'ils imaginent à tort fortement occupée et atteignent Bertogne vers midi. Quelques éléments vont en reconnaissance vers la Ferme au Pont, où, il n’existe à ce moment qu’une passerelle en bois sur l’Ourthe. Ne pouvant passer à cet endroit la 116ème se dirige vers Salle et arrive en vue du pont d’Ortheuville dans la soirée. Elle se heurte au 705ème bataillon de chasseurs de chars U.S.en route vers Bastogne.
Ayant été informé que Houffalize était libre et ses ponts intacts, le commandant de la 116ème décide dans la nuit du 19 au 20 de retourner vers Houffalize.
Le 20 décembre, la 116ème division blindée traverse Houffalize sans combattre. Dans la foulée le village de Samrée tombe aux mains des Allemands. Cette prise donne l’accès aux Allemands à d’importants stocks de vivres et surtout de carburant appartenant à la 7ème division blindée U.S. Tous les véhicules de la 116ème pourront refaire le plein.
Ce même jour après un entretien avec le Général Hodges, Montgomery décide la mise sur pied d’une contre-attaque avec la 3ème division blindée du Général Rose, la 84ème division d’infanterie du Général Bolling, la division d’infanterie du Général Prickett et le 4ème groupe de cavallerie.
La 3ème division blindée U.S. arrive dans la région de Hotton mais ne dispose pas encore de ses effectifs complets. Le Général Rose envoie cependant en reconnaissance trois sous-groupes tactiques. Le groupe Kane vers Manhay, le groupe Tucker vers Samrée via Amonines et Dochamps et le groupe Hogan vers La Roche par Trinal, Beffe et Cielle.
La 84ème division d’infanterie U.S. prend position au sud de l’axe Marche-Hotton. Le Général Rose veut reprendre Samrée au plus vite et ordonne au groupe Tucker d’attaquer le village.Celui-ci se met en route vers 22h30 mais ne parvient même pas a entrer dans Dochamps qui lui barre la route de Samrée.
En effet, la 116ème division blindée allemande, après la prise de Samrée, a repris son avance vers Dochamps qu’elle occupe.
Le Général von Waldenburg, commandant la 116ème blindée, reçoit l’ordre de s’emparer de l’axe Soy-Hotton, de conquérir Hotton et son pont sur l’Ourthe et de foncer vers la Meuse au Nord-Ouest.
Le 21 décembre, vers 5h. du matin, les éléments de tête de la 116ème division blindée allemande qui ont progressé toute la nuit, ont conquis les villages de Devantave, Magoster, Wy et Mélines. La 116ème fonce sur Hotton mais la résistance de la 3ème division blindée U.S. est farouche et la 116ème est arrêtée pendant deux jours par les troupes du Général Rose. Cette percée allait cependant contraindre le groupe Hogan à se réfugier à Marcouray.
Le 22 décembre la neige va tomber en quantité importante sur l’ensemble du front et ralentir les mouvements des troupes.
Le 23 décembre, dans la nuit, le commandement allemand ordonne à la 560ème division de volksgrenadier de relever la 116ème division blindée arrêtée devant Hotton. Ceci doit permettre à la 116ème division de contre-attaquer de l’autre côté de l’Ourthe en utilisant le pont intact de La Roche. Il gèle et le ciel est dégagé. L’aviation alliée va enfin pouvoir participer efficacement à la bataille.
Le 58ème corps blindé allemand met ses unités en ligne des deux côtés de l’Ourthe. Sur la rive nord, face à la 3ème division blindée U.S. se trouve la 560ème division de volksgrenadiers. Sur la rive sud, face à Verdenne, la 116ème division blindée allemande est aux prises avec la 84ème division d’infanterie américaine.
Le 24 décembre, au nord de l’Ourthe, suite aux attaques de l’aviation américaine pour dégager Hogan encerclé à Marcouray, la 560ème division de volksgrenadiers est contrainte d’abandonner les crêtes à l’est de la localité.
Au sud, la 116ème lance une attaque dans le secteur de Verdenne et atteint les hauteurs dominant Bourdon.
La 75ème division d’infanterie U.S. est engagée en renfort de la 3ème division blindée dans le secteur de Hotton.
Le 25 décembre, bien triste Noël ! Aucune trêve n’est notée. La 560ème volksgrenadier lutte avec acharnement contre la 3ème division blindée renforcée par la 75ème division d’infanterie, pour les hauteurs au nord de Hotton.
Au sud, la 116ème division blindée allemande est toujours aux prises avec la 84ème division d’infanterie U.S.
Le colonel Hogan et son groupe, toujours encerclé, décide dans la nuit du 25 au 26 de partir à pied en abandonnant leurs véhicules. Ils rejoignent sans encombre les lignes américaines à Werpin. L’unité forte de plus de 400 hommes ne déplore qu’un seul tué, abattu lors de cette escapade par une sentinelle américaine trop nerveuse.
Le 26 décembre, la 560ème volksgrenadier lutte toujours avec opiniâtreté au nord de l’Ourthe. Mais c’est au sud que le 58ème corps allemand espère emporter la décision, avec l’arrivée en renfort de la Führer Begleit Brigade.
Tandis que la 116ème lance ses dernières forces en direction de Verdenne, la Führer Begleit Brigade attaque en direction de Hampteau et Menil-Favay.
En fin de journée cependant, la 116ème est obligée par la 84ème d’infanterie U.S. de se retirer de Verdenne et de son côté la Führer Begleit Brigade reçoit l’ordre de rompre le combat et de rejoindre au plus vite le siège de Bastogne, alors qu’elle était sur le point de s’emparer de Hampteau.
Le 58ème corps blindé n’avait plus d’autre solution que de se mettre en position défensive.
En fait, l’ordre incompréhensible reçu par la Führer Begleit Brigade, venait directement de Hitler. Celui-ci venait d’apprendre que la 3ème armée américaine du Général Patton était entrée dans Bastogne et il veut rétablir l’encerclement de Bastogne à tout prix.
Cet ordre va coûter très cher à l’armée allemande, car vu le manque de carburant, les blindés de la Führer Begleit Brigade vont tomber en panne d’essence l’un après l’autre et la plupart n’atteindront jamais Bastogne.
Le 27 décembre la 12éme Division Blindée SS arrive dans la région de Samrée et attaque avec des éléments de la 2ème Division Blindée SS vers Amonines, Sadzot et Forge à la Play. L’attaque est un échec et tout le long de la ligne les troupes allemandes prennent des positions défensives.
Du côté Allié la 83ème Division US arrive en renfort venant de la région de Düren.
A La Roche les habitants subissent encore les tirs de l’artillerie US et deux bombardements par l’aviation américaine qui vise les batteries de DCA sur les hauteurs. Ce jour-là l’Hôtel de Ville est atteint alors que ses caves servent d’entrepôt au TNT destiné à la démolition du pont. L’explosion anéantira tout le quartier.
Le 30 décembre la 12ème Division Blindée SS reçoit l’ordre de se replier vers Bastogne. Ce même jour, les Allemands lancent une attaque en tenailles pour couper le corridor d’accès vers Bastogne, large de plusieurs km, mais échouent dans leur tentative.
Le 31 décembre la 12ème division se met en marche vers Bastogne en empruntant deux routes : l’une par Houffalize, l’autre à travers La Roche.
Le 1 janvier, les Allemands procèdent à une opération aérienne d’envergure pour détruire les aérodromes alliés et leurs escadrilles. Un nombre important d’avions fut détruit au sol mais autant d’avions allemands furent abattus. Ce ne fut donc pas le succès escompté par les Allemands.
Ce même jour La Roche est encore bombardée par les alliés qui détruisent les quartiers du Faubourg et du Chalet au prix de nombreuses vies civiles.
Le 2 janvier, la relève des troupes US par les Britanniques, commencée le 30 décembre, se poursuit. Le XXX Corps britannique relève progressivement les troupes américaines entre Dinant et Hotton sur la rive gauche de l’Ourthe.
Le VII Corps US, renforcée par la 83ème Division d’Infanterie se déplace au nord de l’Ourthe sur la ligne Hotton- Manhay et se prépare à la contre-attaque en direction de Houffalize.
Le 3 janvier le VII Corps US passe à l’attaque au nord de l’Ourthe. Ayant l’Ourthe à sa droite, l’Aisne au milieu et la route de Liège à Houffalize à sa gauche, le Général Collins organise ses forces de part et d’autre de l’Aisne.
À droite la 2ème Division Blindée et la 84ème Division d’Infanterie. A gauche la 3ème Division Blindée avec la 83ème Division d’Infanterie. Derrière eux en réserve la 75ème Division d’Infanterie. Le 4ème groupe de cavalerie est placé sous le contrôle de la 84ème Division d’Infanterie.
Le 3 janvier également, dans le froid et la neige, les paras britanniques se dirigent vers Bure, qu’ils libéreront après trois jours et trois nuits d’âpres combats et au prix de nombreuses pertes.
Le 4 janvier, par un temps épouvantable, les gallois passent à leur tour à l’attaque.
En fin de journée la 53° Welsh Division renforcée par la 33° Armored Brigade passe la crête Verdenne – Marenne - Menil-Favay et rejoint l’Ourthe entre Hampteau et Rendeux-Bas.
À l’Ouest du saillant, la 6th Airborne Division des Britanniques, renforcée par la 29th Armored Brigade en progression versRochefort, Marche, Jemelle et Nassogne, rencontre une vive résistance.
Le 5 janvier, sur le flanc américain de l’attaque le 335° Régiment US se heurte a une très forte résistance de la 2ème Division Blindée SS sur la crête de Consy.
Les Allemands bénéficient en plus de l’appui de la 116ème Division Blindée qui tire depuis l’autre côté de l’Ourthe.
Sur le flanc britannique la 6th Airborne est toujours accrochée à Bure et la 53rd Welsh Division n’avance pas.
Le 6 janvier la situation reste stationnaire du côté britannique où de violents combats opposent les Gallois à la 116° Panzer à Grimbiémont.
Du côté américain Odeigne est nettoyé par le 333ème Régiment de la 84ème Division et Devantave est pris par le 335ème Régiment .
Samrée, occupé par des éléments de la 560° Volksgrenadier est pilonné par l’artilerie US.
Le 7 janvier les Britanniques reprennent leur progression. Grimbiémont est pris par un Régiment de la East Lancashire tandis qu’à l’ouest du village le 1st Northamptonshire Regiment avance jusqu’à La Hédrée et prend Cheoux.
Du côté américain le carrefour de la Baraque de Fraiture est pris. La crête de Consy, débordée par la gauche depuis la prise de Devantave la veille, cède sous la pression conjuguée du 334ème Régiment (84ème Div) et du 290ème Régiment (75ème Div).
Le premier bataillon du 334ème, parti de Devantave, reprend Marcouray et Marcourt peu après.
Dochamps aussi est repris.
A La Roche, toujours occupée, le pilonnage américain se poursuit journellement.
Le 8 janvier, prenant conscience de la progression des unités britanniques et américaines, Hitler admet sa défaite et autorise un repli.
Du côté britannique, vu les pertes subies durant trois jours de combats dans les bois, par un froid glacial et pratiquement sans repos, les unités galloises seront relevées par les Écossais de la 51st Highland Division soutenus par les blindés du 1st Northamptonshire Yeomanry Regiment.
Afin d’éviter des transports de matériel sur les routes verglacées, les gallois laissent sur place leurs armes d’appui et leurs munitions qui sont repris par les Écossais.
Les Britanniques prennent possession de Rochefort, Marloie, Jemelle, Hédrée et Waharday abandonnés par les Allemands.
Les Américains s’emparent de Cielle défendu par des éléments de la Division SS Das Reich laissés en renfort de la 116° Panzerdivision.
Samrée vit de violents combats au cours desquels les Américains n’avancent que de 500 mètres.
À La Roche les Allemands se replient par la route de Villez et la DCA qui protégeait le pont sur l’Ourthe quitte aussi la ville.
Le 9 janvier le 334ème Régiment descend de Cielle vers la Hez de Harzé où les Allemands occupent une position défensive. Après un pilonnage intensif (10.000 obus)les soldats allemands se retirent vers La Roche. En fin de journée la Hez de Harzé est aux mains du 334ème Régiment (84ème Div).
Pendant ce temps aux abords de Samrée les combats font rage mais, à la nuit tombante, la localité restera aux mains des Allemands. Les Américains vont alors déverser 12.000 obus sur le village pendant la nuit.
Ce 9 janvier la Première Armée US tient la route Vielsalm – La Roche sur plus de 20 Km.
Les Britanniques libèrent encore Hodister le long de l’Ourthe et plus à l’ouest la 6th Airborne arrive à Harsin et Ambly.
À La Roche les Allemands minent plusieurs quartiers pour protéger leur retraite.
Le 10 janvier l’assaut final est lancé sur Samrée par la 2ème Division Blindée renforcée du 335ème Régiment de la 84ème Division d’Infanterie.
Du côté britannique la 6th Airborne Division atteint Nassogne, la 51st Highland Division libère Ronchamps et s’approche de La Roche.
Le 335ème envoie une patrouille de reconnaissance qui rapporte que La Roche est vide d’Allemands.
Le 11 janvier les premiers éléments du 4ème groupe de cavalerie descendent de la Hez de Harzé et pénètrent dans La Roche. Vers 11 heures ils aperçoivent les Écossais qui débouchent de l’autre côté de l’Ourthe.
La Roche est libérée, mais la bataille continue. Les Écossais libéreront encore Hives, Hubermont, Mierchamps, Erneuville et Ortho.
La jonction des Américains et Britanniques se réalisera encore à Champlon et Warempage et à Saint-Hubert par les SAS français. Restait à avancer vers Houffalize pour effectuer la jonction avec la 3ème Armée US du Général Patton.
Cette jonction se fera le 16 janvier au Moulin de Renciwez, près de Houffalize, mettant fin au saillant. Les combats s’éloigneront alors vers l’Est pour cette fois ne plus revenir. L’Ardenne est libérée et peut commencer à penser à la reconstruction de ses villages dévastés.
Depuis le 22 décembre 1944, la cité rochoise reçoit régulièrement les obus tirés par l'artillerie américaine qui se rapproche. Ces tirs d'artillerie continueront jusqu'au 12 janvier 1945, soit 2 jours après que les Allemands se soient retirés de la ville. Le IXème Bomber Command américain décide de bombarder La Roche dés que les conditions climatiques seront favorables.
La Roche avant la Bataille des Ardennes
L'objectif est de détruire le pont du Faubourg intact. Mais les bombes vont également provoquer de nombreux morts et des destructions parmi les habitations. Le 26 décembre, vers 9 heures, 37 Boston apparaissent au-dessus de la ville et larguent en 2 vagues 75 tonnes de bombes. Le quartier du Faubourg est principalement touché par ce premier raid et le centre-ville est bloqué par les décombres des maisons détruites. Par la suite, les habitants de La Roche subissent de nouveau les bombardements de 38 Boston effectués en 2 vagues. Ils larguent 55 tonnes de bombes sur la cité. Ces raids causent de nouvelles victimes innocentes et d'autres destructions arbitraires. Parmi ces dernières, signalons celle de l'Hôtel de Ville dans les caves duquel avaient été entreposés par les rochois les explosifs destiné à la démolition du pont du faubourg et abandonné en toute hâte par les Américains, lors de l' évacuation du 21 décembre. L'explosion du bâtiment communal provoque l'anéantissement de la place du marché et du quartier de Chanteraine. Le 1 janvier 1945, 26 Bostons larguèrent en deux vagues 37 tonnes de bombes détruisant entièrement les quartiers du Faubourg et du Chalet.
Vue de La Roche après la Bataille des Ardennes
Et de nouvelles victimes sont à déplorer dans la population rochoise. Les dégâts occasionnés à la cité rochoise ont été aussi importants que ceux pour Saint-Vith et plus importants que Houffalize. Malgré un tonnage de bombes larguées nettement plus faible sur La Roche (167 tonnes), contre 1.252 pour Saint-Vith et 1.218 pour Houffalize. Cela est dû en partie à la configuration encaissée de La Roche, où les ondes de choc des explosifs ont résonné sur les flancs des collines, décuplant ainsi leurs effets. La Roche paya un lourd tribut lors de ces bombardements, puisque 114 civils périrent sous les bombes ( la population rochoise était d'environ 500 habitants en cette fin d'année 1944 ) . Sur les 639 maisons que comptait la cité, 348 furent complètement rasées ou gravement endommagées et le pont du Faubourg fût finalement détruit. Après la guerre, la cité fût décorée de la Croix de Guerre avec Palme et depuis ce jour, cette décoration figure sur ses armoiries.
Vue de La Roche après la Bataille des Ardennes
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